1. Quelle est la vision de l’inclusion numérique au sein de votre organisation?
Nous défendons l’idée que l’inclusion numérique passe par la prise en main du matériel et de la philosophie technique propre à l’informatique. Les personnes ainsi progressivement mises en confiance en groupe, peuvent retrouver de l’autonomie dans leurs usages des outils numériques. L’évolution des méthodes de communication et d’accès aux services ont changé ces dernières années laissant toute une partie de la population, notamment parmi les plus fragilisés, en état de rupture numérique. C’est pourquoi, sur base d’échange et d’écoute des besoins des personnes les plus fragilisées face au numérique, nous défendons le maintien d’accès aux services sous forme téléphonique ou via des permanences physiques tout en mettant en place des ateliers collectifs de formation et d’échange à l’utilisation des outils numériques.
2. Quel est le public cible dans le cadre de votre projet ? Pourquoi vous a-t-il semblé nécessaire de proposer un projet d’inclusion numérique pour ce public cible ? Comment procédez-vous pour atteindre votre public cible dans le cadre de votre projet ?
Nous recevons un public pour la plupart de jeunes retraités issus d’un quartier populaire de Liège (Saint-Léonard). Notre collaboration avec le centre Agora, dans lequel est situé notre local, qui est une école d’alphabétisation-français en apprentissage (Alpha-FLE), nous permet de toucher un public varié, intergénérationnel et multiculturel. Ces personnes rejoignent le groupe car elles se sentent fragilisées par une évolution technologique vécue comme subie voire imposée sans réel accompagnement adapté derrière (réseaux sociaux, payement en ligne, vidéoconférence, portefeuille virtuel, protection des données etc.). Pour toucher ces personnes nous privilégions la population qui fréquente le centre ainsi que le réseau associatif très développé du quartier. Nous diffusons aussi une communication plus large sur notre site et les réseaux sociaux.
3. Quelle méthodologie avez-vous utilisée pour réaliser ce projet ? En quoi cette méthodologie est-elle innovante ? Comment impliquez-vous votre public cible dans les activités proposées ?
Nous faisons appel à l’outil 123Digit afin de tester les connaissances de base des participant.es et mettre à niveau les personnes qui n’ont peu ou pas de connaissances. Suite à cela, nous mettons en place une bibliothèque vivante sur base du savoir collectif du groupe. Les personnes plus avancées aident les personnes qui le sont moins dans un cadre détendu et bienveillant. Nous mettons en places des espaces d’échange commun au cours duquel les participant.es vont apporter des cas de figures concrets qu’ils/elles ne peuvent résoudre individuellement. Ces moments d’échange permettent de mettre en place des pistes de résolution collective ou individuelle qui seront utiles aux participant.es dans leur parcours numériques. Nous mettons également en place une évaluation collective en cours et en fin de projet. Enfin nous organisons des visites dans des espaces en lien avec nos thématiques d’émancipation numérique (EPN, NAM-IP Namur, Re-lab Liège) et proposons des rencontres avec des intervenant.es afin de compléter notre programme et consolider ou nourrir les connaissances acquises dans notre atelier.
4. En quoi votre projet peut-il créer un effet de levier (être une source d’inspiration) pour la réalisation d’autres projets d’inclusion numérique de ce groupe cible ? Avez-vous conclu des partenariats avec d’autres acteurs dans le cadre de ce projet ?
L’inclusion numérique mise en pratique dans notre groupe passe par l’émancipation individuelle des citoyen.nes notamment en aidant à dépasser le cercle de dépendance envers des tiers pour l’exécution de certaines tâches informatiques (payement des factures, gestion de dossier, relever de compteur, etc.). Nous pensons également qu’aborder ainsi le numérique de manière concrète mais collectivement et de façon critique afin de mettre en confiance les personnes, permet à celles-ci de retrouver d’avantage d’autonomie dans leur quotidien. De plus, notre partenariat avec le centre d’insertion Agora et le réseau associatif local permet d’être pleinement intégré à l’échelle, qui nous parait être la plus efficace pour ce genre de projet, d’un quartier.
5. Quels sont les résultats obtenus suite à la mise en œuvre de votre projet ?
Grâce à notre groupe, certains participant.es ont pu réaliser progressivement des tâches en ligne de manière autonome et ensuite aider à l’émancipation numérique de leurs entourages. Notre groupe favorise également le débat citoyen autour de la numérisation croissante de nos sociétés ainsi qu’une utilisation plus consciente des outils numériques replacés dans des enjeux de société plus larges (protection des données privées, impact environnemental, relations à nos institutions…).
6. En quoi votre projet s’inscrit-il dans une stratégie d’inclusion numérique à long terme ?
Notre projet veut permettre sur le long terme un meilleur accès à la compréhension des outils numériques et sortir durablement des dizaines de personnes à l’échelle d’un quartier de l’exclusion numérique. Sur la longueur, il s’agit aussi pour nous de porter les difficultés de ces utilisateurs ainsi que les aider à construire des revendications précises qui pourront être portées par la suite à la connaissance d’autorités politiques ou de pourvoyeurs de services de base.